Clés pour comprendre la guerre à Gaza

Résumé


L’attaque du 7 octobre 2023, lancée par le Hamas contre les implantations israéliennes autour de la bande de Gaza a surpris tout le monde et a généré en Occident une vague d’indignation en faveur d’Israël, considéré comme la victime, indignation qui prédomine jusqu’à aujourd’hui dans les médias occidentaux et empêche tout recul et toute analyse rationnelle des raisons et du contexte de cette attaque. La licence pour tuer, accordée à Israël par les démocraties coloniales était fondée sur des récits de massacres, propagée par l’armée israélienne, qui, pour certaines, ont été remises en question par des témoignages des rescapés israéliens (ex, les bébés décapités, les bébés brûlés dans des fours, morts dans les kibboutz https://electronicintifada.net/content/israeli-forces-shot-their-own-civilians-kibbutz-survivor-says/38861?mibextid=Zxz2cZ&fbclid=IwAR331yoFMlnH9Z5l_dNu8cLAOS1jwBiGmQWxxKiG5gJGcmFU-RFijbP6PS0). Il y avait donc un besoin urgent de confirmer ces faits, ainsi que le nombre de victimes israéliennes, par des sources fiables et indépendantes. Mais force est de constater que les médias occidentaux ne relaient que les informations qui vont dans la direction politique de l’administration américaine et du Likoud. Il en va de même pour les positions prises par certaines autorités européennes, Commission européenne ou présidence française en tête. Les autres voix, même israéliennes, sont ignorées, ce qui dans l’ensemble conduit nos citoyens à une compréhension erronée de ce qui se déroule actuellement à Gaza.


Ce constat est le point de départ pour la création de ce billet.



Tout est raconté comme si l’histoire avait commencé ce 7 octobre, sans mention du contexte géo-politique. Or, la compréhension de ce contexte est clé pour une juste lecture des événements. Pour y arriver, il faudrait mettre bout à bout les informations suivantes, qui seront ensuite détaillées.


D’abord la confrontation entre le plan américain et le plan chinois pour le Moyen-Orient. Le plan américain consistant à faire oublier aux Arabes qu’Israël est leur ennemie en le remplaçant par l’Iran, où Israël se positionne comme l’ami des Arabes sunnites face à l’Iran chiite, et tout ceci est doublé d’un plan économique annoncé à la dernière réunion du G20, de route commerciale qui part d’Inde et qui se prolonge à travers les Émirats-Arabes-Unis et l’Arabie Saoudite jusqu’au port israélien de Haïfa pour, à partir de là, atteindre l’Europe https://fr.timesofisrael.com/quels-sont-les-enjeux-du-couloir-commercial-inde-arabie-saoudite-ue-pour-israel/. Ce plan vise à normaliser les relations entre les pays du Golf et Israël, sans aucune contrepartie pour les Palestiniens. Israël y gagne la paix avec beaucoup de pays arabes sans devoir appliquer la moindre résolution de l’ONU concernant son occupation de la Palestine.



D’autre côté, le plan chinois est basé sur le BRICS, dans lequel l’Iran comme l’Arabie Saoudite ont postulé et leur adhésion sera effective à partir du premier janvier 2024. Et donc, la Chine a lancé une initiative pour rétablir les relations diplomatiques et favoriser les échanges économiques directs entre les deux pays, l’Iran et l’Arabie Saoudite, en utilisant leurs monnaies nationales, qui est la base du concept fondateur du BRICS. Cette initiative, ruine des décennies d’efforts occidentaux et israéliens de monter ces deux blocs, sunnite et chiite, l’un contre l’autre et met à mal l’option d’Israël de s’intégrer dans la région sans proposer de solutions aux Palestiniens.


La confrontation entre ces deux visions est l’élément stratégique principal derrière le timing de cette dernière flambée de violence.



Le deuxième élément est à observer dans la réaction israélienne à l’attaque du Hamas, dans laquelle les Israéliens annoncent que l’après de cette guerre ne ressemblera plus à l’avant. Ici entrent en jeux les plans israéliens concernant les territoires palestiniens et notamment :


1- le besoin israélien d’éloigner les Palestiniens du projet de nouveau canal “Ben-Gourion”, qu’Israël compte construire entre la Méditerranée et la Mer Rouge, pour concurrencer le canal de Suez. Ce canal aboutit près d’Ashdod, à quelques kilomètres de Gaza.https://en.wikipedia.org/wiki/Ben_Gurion_Canal_Project


Canal Ben-Gourion

2- l’apparition du Gaz naturel dans les eaux territoriales de Gaza. Si Israël reprend Gaza, il aura la main aussi sur ses eaux territoriales


3- La situation économique compliquée en Égypte est une opportunité que les Israéliens essayent d’exploiter pour convaincre l’Égypte de céder du terrain en Sinaï pour que les Israéliens puissent y chasser les habitants de Gaza. Ceci a été tenté déjà avec l’ex président Morsi, ainsi qu’avec le président actuel Sisi, et tout deux l’ont refusé avec insistance.


4- Avec l’Autorité palestinienne comme interlocuteur, et qui a choisi depuis les accords d’Oslo la voie diplomatique pour régler ces différents avec Israël, expulser les Palestiniens de Gaza ne serait jamais possible, alors qu’avec le Hamas, présenté comme mouvement terroriste par Israël et ses alliés, ça  peut se faire sans susciter de réactions démesurées de la communauté internationale. Pour en arriver là, Israël a pendant des décennies, entrepris des actions pour affaiblir l’Autorité palestinienne et renforcer le Hamas. Cet investissement s’avère payant aujourd’hui.



Voyons comment tout cela s’imbrique.



Création de l’état d’Israël


Beaucoup de personnes font l’erreur de penser que la création de l’état d’Israël serait une réponse à l’Holocauste contre la population juive, commis par le Régime Nazi. Ceci est très loin de la réalité, même si l’effet de l’Holocauste sur le retrait des Britanniques de la Palestine, ainsi que le vote du plan de partage de la Palestine par la Ligue des Nations me parait indéniable.


Déjà en 1799, Napoléon voulait créer un état juif, https://www.crif.org/fr/actualites/20-avril-1799-napol%C3%A9on-voulait-restaurer-la-nation-juive-sur-sa-terre-ancestrale/60460, mais pour des raisons coloniales, pour scinder le monde arabe en deux.


Le projet concret de créer un foyer national juif a pris forme avec la création du mouvement sioniste et le lancement du premier congrès sioniste à Bâle, en Suisse, le 29 août 1897, et donc longtemps avant l’Holocauste. Lors de ce congrès et par la suite, plusieurs pays furent envisagés pour l’établissement de ce foyer, dont la Palestine, et qui n’était même pas le premier choix.


Le seul pays proposé aux Juifs pour héberger les victimes de l’Holocauste, fut la région autonome juive de Birobidjan en Union Soviétiquehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Birobidjan, fondée le 7 mai 1934, et ouverte par la suite aux victimes de l’holocauste. D’ailleurs, elle existe toujours, mais la population juive qui s’y était établie, a fortement baissé après la création de l’état d’Israël.


Après le début de la migration juive en Palestine et les  attaques que les sionistes ont perpétrées contre la population arabe pour dégager du terrain et accueillir les nouveaux migrants juifs dans une “terre sans peuple”, l’ensemble des implantations juives s’étendait essentiellement le long de la côte méditerranéenne et en Galilée. Donc rien ne justifiait la forme du plan de partage de la Palestine entre Juifs et Arabes, proposée par la Ligue de Nations, qui donne aux Juifs une terre qui s’étend jusqu’à la Mer Rouge, coupant ainsi le monde arabe en deux et réalisant le plan de Napoléon. À cela s’ajoute la disproportion de la surface donnée aux Juifs en comparaison avec leur nombre. Dans le plan de partage, il n’y avait rien que les Arabes pouvaient accepter. Pourtant, l’Occident continue à leur reprocher de ne pas l’avoir accepté et d’être entré en guerre contre Israël.


(exemple de carte des implantations juives en Palestine avant le plan de partage, le plan de partage ainsi que la progression de la spoliation des terres palestiniennes )


progression de la spoliation des terres palestiniennes

Stratégies d’implantation d’Israël et morcellement des pays arabes


Israël se présente comme un îlot entouré d’ennemis. Mais, depuis la guerre du Golfe en 1991, les pays de première ligne, qui s’affrontaient militairement à Israël, ont été détruits, morcelés (l’Irak et la Syrie) ou  mis hors d’état de continuer (Le Liban et l’Égypte). Ce qui leur est arrivé ressemble beaucoup au plan pour le nouveau Moyen-Orient développé par les nouveaux conservateurs américains, où l’ensemble des pays du Moyen-Orient se voit morcelée selon une découpe confessionnelle et ethnique.


Voici par exemple une des cartes du projet du nouveau Moyen-Orient:


carte du nouveau Moyen-Orient

 

Ainsi divisés et en conflit les uns avec les autres, ils ne représenteront plus de danger pour Israël.

Reste les autres pays de seconde ligne, pour lesquels le plan israélo-américain est de les détourner d’Israël vers d’autres dangers, plan qui a été mis en place depuis 1979 avec la révolution iranienne et la résistance à la présence soviétique en Afghanistan.



Le remplacement de la lutte anticoloniale de gauche par l’islam politique


Après le renversement du gouvernement nationaliste Iranien de Moussadegh en 1953 par un complot américano-britannique et la fuite du Shah, leur complice, le Shah a été rétabli par ces deux pays mais son trône vacillait. À partir de la grève générale en 1978 qui a mené à la révolution iranienne en 1979, les deux puissances ont compris qu’ils ne pouvaient plus remettre le Shah au pouvoir. Il fallait trouver une alternative qui garantirait que l’Iran ne bascule pas dans le giron soviétique. Pour l’Amérique farouchement anti-communiste (Mccarthyste), le remplacement dans le monde musulman des mouvements anticoloniaux de gauche par des mouvements islamistes était la solution.

Surtout que les idéologie islamistes sont consuméristes et ne représentent aucun danger pour l’économie du marché.


Lors de la conférence de Guadeloupe en 1979 [https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_la_Guadeloupe] et à la demande des Américains, la France a  proposé l’envoi de l’Ayatollah Khomeini en Iran à cet effet. (voir le documentaire « 1979, l’année qui a changé le monde » par Dirk van den Berg & Pascal Verroust, certains éléments de ce récit s’y trouvent). La France a alors présenté le Khomeini aux médias, au monde, et surtout aux Iraniens, comme étant le leader de cette révolution, a gonflé sa figure et son rôle et l’a envoyé en Iran avec les honneurs d’un chef d’Etat. Pourtant, un problème subsistait, c’est que l’armée iranienne, occidentalisée, n’allait jamais l’accepter. Les Américains ont pris alors à leur charge de gérer les résistances de l’armée iranienne, le temps que Khomeini prenne les choses en main et remplace les généraux qui ne lui sont pas favorables, ce qui a été fait.


À partir de ce moment-là, et avec l’établissement de la république islamique en Iran, les pays du Golfe ont commencé à découvrir et à démanteler sur leur sol des groupes chiites, armés par l’Iran. La révolution iranienne s’exportait et remplissait ainsi le rôle pour lequel les occidentaux avaient favorisé sa création. La confrontation entre Chiites et Sunnites commençait à prendre forme. Il manquait encore d’islamiser la contestation dans les pays sunnites, ce qui fut fait avec l’organisation et l’armement des Moujahidin en Afganistan, face à la présence Soviétique.


Quant à l’Iran, même après la crise des otages dans l’ambassade américaine à Téhéran, et les discours enflammés du régime iranien contre le Grand Satan américain, on peut constater que les joutes verbales entre l’Iran et Israël ont servi aux deux régimes, et on pouvait constater qu’ils s’échangeaient des services quand ça s’avérait nécessaire. Souvenez-vous de l’Iran-Gate, quand les Israéliens transportaient les armes américaines en Iran pour l’aider dans sa guerre contre l’Irak ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Iran-Contra.



Ainsi fut fait également avec la résistance libanaise.  Au Liban, le mouvement chiite Amal fondé par un religieux au financement mystérieux, que beaucoup attribuent aux services secrets américains, est né au sein de la population chiite, majoritairement à gauche et très peu religieuse, confrontée à l’occupation israélienne et accueillant en première ligne les réfugiés palestiniens au sud du Liban. Ce mouvement a combattu essentiellement la gauche chiite, engagée dans la résistance à l’occupation israélienne, plus qu’il ne combattait Israël même. Et c’est au sein de ce mouvement que le Hezbollah est né lors de l’invasion israélienne du Liban en 1982.



Résistance palestinienne et Hamas


La résistance palestinienne était composée idéologiquement de deux branches, les centristes, comme le Fatah d’Arafat, en relation avec les monarchies arabes, alignés à droite, et les gauchistes comme le FPLP, FDLP… Tous réunis au sein de l’Organisation de Libération de la Palestine


Après les accords d’Oslo et l’établissement de l’Autorité palestinienne, Israël a tout fait pour affaiblir l’OLP. Israël ne respectait pas sa partie des accords, mais exigeait de l’OLP de respecter la sienne. Entre-autre, la collaboration sécuritaire entre l’OLP et Israël qui faisait de  l’OLP le gendarme d’Israël. Le morcellement des territoires palestiniens continuait, les incursions incessantes des forces d’occupation dans les territoires sensés être autonomes, a participé à détruire l’image de l’OLP aux yeux des Palestiniens.


Le Hamas, et surtout à Gaza, gagnait en popularité et entreprenait, avec le Jihad Islamique, des opérations militaires contre l’occupant.  En réponse, Israël bombardait systématiquement l’Autorité palestinienne.


Le leader spirituel du Hamas, Cheikh Yassine, emprisonné par Israël, fut libéré lors d’un scénario ridicule. Après une opération ratée du Mossad israélien à Amman pour liquider des figures du Hamas et ainsi affaiblir leur mouvement, les Israéliens prétendent faire un geste et libèrent ainsi Cheikh Yassine, ce qui donne au Hamas le leadership qui lui manquait. À partir de ce moment-là, l’ascension du Hamas est fulgurante et aboutit par la prise du pouvoir à Gaza par ce dernier.


Mais les Israéliens n’en sont pas restés là. Pour continuer à affaiblir l’OLP, Israël qui contrôle tous les flux financiers et les banques qui opèrent en territoires palestiniens, laisse passer sous leurs yeux l’argent qui va au Hamas https://fr.timesofisrael.com/pendant-des-annees-netanyahu-a-soutenu-le-hamas-aujourdhui-on-en-paie-le-prix/



Changements en Arabie Saoudite


L’Arabie Saoudite s’est engagée sur plusieurs fronts, militairement ou politiquement, contre l’Iran, que ça soit en Syrie, en Irak, au Yémen, ou au Liban. Israël proposait ses services aux Saoudiens dans ce domaine, par exemple en Syrie, où beaucoup de rapports et de témoignages parlaient de l’implication des militaires israéliens et américains dans des centres de commandements communs avec l’État Islamique en Syrie face au Régime syrien, combattu par les saoudiens.


Ainsi le projet de remplacer, pour les Sunnites, l’ennemi israélien par l’ennemi iranien prenait forme.


Après l’arrivée du prince héritier saoudien aux affaires dans le royaume, et surtout après le meurtre du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi dans l’ambassade d’Arabie Saoudite en Turquie, dont il a été accusé, la relation entre le Royaume et les États-Unis traversaient une crise. Lors de la guerre en Ukraine les Saoudiens n’ont pas donné suite à la demande américaine d’augmenter leur production de pétrole et leurs relations mutuelles s’en sont ressentis. L’Arabie Saoudite a commencé alors de se rapprocher de la chine et du groupe du BRICS.



Pax Chinoise


Pour préparer le terrain, la Chine a entrepris une initiative pour renouer les relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et l’Iran https://www.lemonde.fr/blog/cartooningforpeace/2023/03/16/la-chine-reconcilie-liran-et-larabie-saoudite/. Le but du BRICS est de favoriser les échanges commerciaux entre les membres du bloc en utilisant leurs monnaies nationales au lieu du dollar américain, alors que le dollar tire sa force en grande partie du pétrodollar, mis en place lors des accords entre les Américains et les Saoudiens en 1973 pour fournir la protection américaine à l’Arabie Saoudite en contrepartie de la vente du pétrole par ce dernier uniquement en dollar américain. On peut comprendre l’importance pour le BRICS d’avoir l’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe de leur côté.


Le 24 août 2024, les membres du BRICS ont annoncé leur volonté d’étendre leur bloc aux pays émergents et ont annoncé dans la foulée l’adhésion de 6 nouveaux pays au BRICS, une adhésion qui prendra effet au 1ᵉʳ Janvier 2024. https://www.france24.com/fr/afrique/20230824-arabie-saoudite-%C3%A9gypte-iran-les-brics-vont-accueillir-six-nouveaux-pays-membres. Ce qui n’était qu’un risque lointain devient soudainement imminent pour le plan israélo-américain de division entre pays chiites et sunnites.



En réponse à l’initiative chinoise, au G20 du 9 septembre 2023, l’Europe, l’Inde et les États-Unis annoncent leur volonté de contrer la Chine avec leurs propres «routes de la soie» https://www.lefigaro.fr/international/au-g20-l-europe-l-inde-et-les-etats-unis-veulent-contrer-la-chine-avec-leurs-propres-routes-de-la-soie-20230909. Il s’agit d’un corridor reliant l’Inde à l’Europe via le Moyen-Orient, équipé d’une liaison ferroviaire, d’un câble transcontinental haut débit et d’un futur gazoduc à hydrogène. Cette route passe par les Emirats-Arabes-Unis, l’Arabie Saoudite, la Jordanie  pour aboutir au port de Haïfa, porte vers l’Europe.



Le choix du timing de l’offensive du Hamas


Le Hamas a annoncé que le but de son offensive est de prendre des otages israéliens pour les échanger contre les milliers de prisonniers palestiniens qui croupissent depuis des décennies dans les geôles israéliennes. (leur nombre était estimé à dix mille avant cette guerre, auxquels s’ajoutent deux mille nouveaux prisonniers, dont près de deux mille condamnés par la justice israélienne, et près de mille femmes et mineurs)



Mais si on s’interroge sur le choix du moment pour le Hamas, on  peut remarquer que le projet de la nouvelle route commerciale vers l’Inde, après les accords d’Abraham, risque de normaliser les relations entre les pays du Golfe et les lier définitivement à Israël, sans aucune mention des devoirs d’Israël envers les Palestiniens. Pour le Hamas, cela revient à enterrer la cause palestinienne.


L’Iran de son côté, qui est l’appui militaire du Hamas, qui l’arme et l’entraîne, doit également voir dans ce projet qui l’exclut une menace importante, ce qui explique la mobilisation au côté du Hamas de l’ensemble des forces liées à l’Iran dans la région, que ça  soit le Hezbollah au Liban qui a ouvert le front avec Israël, tout en le maintenant à feu doux pour disperser les forces israéliennes sur plusieurs fronts, sans toutefois risquer l’embrasement général, ou en Irak, ou même les Houthis au Yémen qui ont envoyé des drones et des missiles vers le port israélien d’Eilat.



Comment Israël compte profiter de l’attaque du Hamas


Israël, malgré le fait d’avoir écarté tout risque militaire d’une guerre avec les pays arabes qui l’entourent, continue à faire face à certaines menaces importantes:


  • Les dirigeants israéliens pariaient sur le fait que les nouvelles générations palestiniennes allaient oublier la cause palestinienne. Force est de constater que c’est loin d’être le cas. Les troubles causées par les différents soulèvements palestiniens diminuent beaucoup l’attractivité de  la migration des Juifs vers Israël

  • Israël n’est plus attractif pour les Juifs. La migration vers Israël s’arrête et il manque cruellement de nouveaux migrants qui soient assez pauvres pour accepter de se mettre en danger pour aller coloniser de nouvelles terres arabes.

  • la menace démographique. Malgré toutes les restrictions que l’occupation a mises en place sur les Arabes, qu’ils soient dans les terres conquises par Israël en 1948 ou dans les terres attribuées aux Palestiniens, force est de constater que leur nombre ne diminue pas. La judaïsation de la terre de Palestine a du plomb dans l’aile, ce qui a poussé le gouvernement israélien de droite  à adopter des lois carrément racistes de judaïsation d’Israël pour se permettre de serrer encore plus l’étau sur les non-juifs

  • Israël a annoncé en novembre 2022 le projet de création d’un canal, appelé le canal « Ben-Gourion » reliant la mer Rouge à la mer Méditerranée, et concurrençant ainsi le canal de Suez. Or, ce canal devrait aboutir à Ashdod, à quelques kilomètres seulement de la bande de Gaza, ce qui est risqué pour Israël et en même temps, Israël aurait besoin d’étendre l’espace de développement économique autour du canal vers Gaza.

Donc quand Netanyahou a été averti qu’une action militaire imminente et d’envergure était en préparation par le Hamas, il en a diminué la portée pour l’exploiter et pouvoir pousser les Gazaouis hors d’une bonne partie de Gaza, et si possible hors de Gaza. Il dégagerait ainsi les Palestiniens loin du projet du canal « Ben-Gourion »,  et pourrait dans la foulée s’accaparer le gaz dans les nouveaux gisements de gaz naturel découverts au large de la bande de Gaza.


Les Israéliens pariaient que l’Égypte ne pouvait pas garder fermé le point de passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte face à la pression des civils Gazaouis qui tenteraient de fuir les bombardements israéliens, mais jusqu’ici ce n’est pas le cas et l’Égypte annonce publiquement son refus du plan israélien de déportation des Gazaouis vers le Sinaï.


D’après les documents trouvés dans les poches des combattants du Hamas tombés en Israël lors de cette attaque, il parait qu’ils ne prévoyaient pas la facilité avec laquelle l’attaque s’est déroulée ni de pouvoir revenir à Gaza avec leurs otages, ce qui laisse à penser que le Hamas même a été surpris, ainsi que les Israéliens, par l’ampleur que finalement a prise cette attaque, ce qui expliquerait pourquoi Netanyahou l’aurait minimisée.



Conclusion


Le massacre, commis par le Hamas, aussi condamnable soit-il, ne peut l’être que si on a le courage de condamner d’abord l’occupation, le mépris du droit international et des résolutions de l’ONU commis par Israël.


La licence de tuer, accordée à Israël été maintenue, malgré les massacres et crimes de guerre et même, sans exagérer, le génocide commis par Israël sur la population de Gaza.


La résistance a l’occupation étant un droit inaliénable, il faut rappeler le fait que si la résistance palestinienne est aujourd’hui majoritairement islamiste, ça n’a pas toujours été le cas et que les Palestiniens ont essayé toutes les formes de résistances, pacifiques (rappelez-vous l’assassinat par Israël du caricaturiste palestinien Naji El Ali https://fr.wikipedia.org/wiki/Naji_al-Ali ) comme militaires, de gauche comme de droite, sans succès.



Le droit d’Israël à se défendre, proclamé haut et fort par nos gouvernements en Occident, oublie de rappeler à Israël ses devoirs et les dizaines de résolutions de l’ONU non appliquées, en plus de ses devoirs comme force occupante, qui ont mené à la situation que l’on connaît aujourd’hui.



Le fait que l’Occident consent à la destruction de Gaza, car elle abrite le Hamas, les méchants islamistes, alors qu’il connaît très bien le choix stratégique qu’a opéré Israël de le renforcer au détriment de l’Autorité palestinienne, n’est qu’une preuve supplémentaire du colonialisme, et du racisme anti-arabe et anti-musulman, qui continue de prédominer chez nos dirigeants.



À cela s’ajoute la fascination occidentale pour la technologie. Un barbu qui pose une bombe, c’est un terroriste. Un avion hightech qui rase tout un cartier sur la tête de ses habitants, c’est des frappes chirurgicales mais qui causent des dégâts collatéraux, rien de plus. On peut comprendre que si l’occident ouvre l’épineuse question de terrorisme d’état, il aura beaucoup à se reprocher.



Israël transforme la vague d’indignation qui a submergé l’Occident face aux attaques du Hamas pour soutenir son projet colonial, comme il a l’habitude de faire, et les pays occidentaux continuent à le supporter dans ce projet, au point que des pays comme les États-Unis, l’Angleterre et d’autres, on parle de l’Allemagne https://www.wsws.org/fr/articles/2023/11/02/pmwu-n02.html et de l’Australie, (à vérifier) envoient leurs flottes militaires en mer Méditerranée ou leurs forces spéciales pour l’aider dans son entreprise coloniale.




Or il y a quand même une opportunité d’avancer sur le chemin d’une solution à deux États, avec les récentes déclarations du secrétaire d’État américain Anthony Blinken dans ce sens. Également, dans une déclaration faite le premier novembre par le Hamas, annonçant, pour la première fois, une vision pour la fin du conflit avec Israël, qui commence par mettre fin à la guerre, et procéder à l’échange de prisonniers, pas seulement israéliens, mais les milliers prisonniers palestiniens, puis qui continue avec un processus politique qui vise l’établissement d’un État Palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale, autrement dit, une solution à deux états. Le défi est plutôt du côté israélien, qui a implanté près de 750 milles collons dans les territoires palestiniens (incluant Jérusalem Est), qui plus est, constituent la base électorale de la coalition qui maintient Netanyahou au pouvoir et le protège contre la justice israélienne. On voit mal alors comment ce dernier pourra proposer une solution qui demanderait l’évacuation de ces colons de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.